Marie se sent perdue.
Son mari, ses enfants sont le dernier fil qui la relie à la vie. Ce fragile
équilibre est bouleversé le jour où elle rencontre les "Kosovars ", ces réfugiés
dont nul ne se soucie et qui errent, abandonnés, aux confins de la ville.
Négligeant sa famille, Marie décide de leur porter secours. Et de tout leur
donner : nourriture, vêtements, temps, argent, elle ne garde rien pour elle.
Entraînée par une force irrésistible, elle s'expose à tous les dangers, y
compris celui d'y laisser sa peau.
Avec ce roman, Olivier Adam nous rappelle que la violence qui frappe les plus
faibles est l'affaire de chacun. Et trace le portrait inoubliable d'une femme
dépassée par la force de ses sentiments.
Olivier Adam est né en 1974. Il a grandi en banlieue
parisienne. Il affirme que sa vie s'ouvre sur un trou noir d'une dizaine
d'années et qu'il est resté un « spécialiste des disparitions ». Après avoir
vécu à Paris, travaillé dans une agence d'ingénierie culturelle puis, en tant
qu'éditeur, aux Éditions du Rouergue, il s'est installé près de Saint-Malo. Il
est, depuis sa création en 1999, membre de l'équipe de programmation du festival
littéraire « Les correspondances de Manosque ».
« Ma première rencontre avec les mots a été la chanson : Barbara puis
Dominique A, Christophe et Alain Bashung. La lecture d' Une année sous silence
de Jean-Paul Dubois m'a ouvert une porte vers John Fante, Raymond Carver et
Richard Ford. L'écriture est venue plus tard. Il fallait s'autoriser à ou être
autorisé à. J'ai pu, par l'écriture, être au monde et dans le monde. » Il y a
aussi une certaine famille française : « Calet, Hyvernaud, Perros, Forton,
Guérin, Bove, Dietrich : de grâce lisez-les. Ils écrivaient comme ils allaient
dans la vie : sans carapace et le coeur au bout des doigts. »
En 2000, il publie son premier roman, Je vais bien, ne t'en fais pas, aux
éditions du Dilettante. Suivront aux Éditions de l'Olivier : À l'ouest, Poids
léger, Passer l'hiver (Goncourt de la nouvelle 2004) et Falaises, salué de
concert par le public et la critique en 2005. « Le narrateur est quelqu'un que
la littérature a sauvé », dit Olivier Adam à propos du héros de Falaises.
Olivier Adam écrit des livres au lyrisme âpre, « à ras d'homme », quelque part
entre Pialat et Miossec. Des livres où « tout est faux mais rien n'est inventé
». Son dernier roman, À l'abri de rien, a paru aux Éditions de l'Olivier en août
2007.
Il écrit également pour la jeunesse, à l'école des loisirs, dans la collection «
Médium » notamment (On ira voir la mer, La Messe anniversaire, Sous la pluie),
par Patrick Goyette.
L'auteur de Passer l'hiver et de Falaises
ne fait pourtant, cette fois encore, aucune concession. Le
texte de son nouveau roman, A l'abri de rien, est taillé au
plus court, les phrases sont sèches et rapides, l'émotion
tenue à distance. Elle surgit pourtant d'un détail
minuscule, d'un mouvement imperceptible, un signe ou un
geste saisis en quelques mots... Clinique, tranchant, cruel
parfois, A l'abri de rien n'est jamais grinçant ni
complaisant. A l'affût de la moindre lueur, c'est l'humain
que traque l'auteur au fond du précipice où sombre Marie, à
l'exemple de nombre de ses personnages. Car c'est la vie qui
intéresse Olivier Adam, juste la vie entre chien et loup,
quand l'équilibre ne tient qu'à un fil entre lucidité et
désespoir, révolte et tentation de disparaître, nostalgie de
l'enfance et peur du temps qui s'use. Fatigue et courage de
vivre.
Michel Abescat - Telerama du 22aout 2007
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Tout l'univers d'Olivier Adam y est :
le fond de vent et de pluie, l'époux chauffeur de car
scolaire au Smic, les courses chez Ed et les collections de
tortues en porcelaine sur les étagères... Cette litanie de
petits malheurs pourrait peser, mais, par le naturel de la
phrase, l'ensemble sonne étonnamment juste. Une écriture à «ras
d'homme», selon l'expression de Calet. «Si c'est beau, cela
ne peut pas être déprimant», disait déjà Richard Ford,
auteur fétiche d'Olivier Adam. Une réflexion de Marie résume
bien le destin de toutes ces vies minuscules : «C'était
foutu d'avance.» On se gardera bien d'en dire autant pour le
Goncourt.
Jérôme Dupuis - L'Express du 31 aout 2007
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Il est l'écrivain des fêlures, des
émotions à fleur de peau. Ses livres montrent des héros à
bout de souffle, prêts à basculer. Olivier Adam parvient
comme personne à décrire des vies comme celles des autres,
comme les nôtres. Avec l'étouffant et splendide A l'abri de
rien, le voici qui risque d'agrandir une audience déjà
large. Certains verront là un roman sur Sangatte, le centre
d'hébergement et d'accueil d'urgence humanitaire inauguré en
septembre 1999, près de Calais et du tunnel sous la Manche -
Sangatte où stationnèrent près de quatre-vingt mille
réfugiés kurdes, afghans ou iraniens avant sa fermeture en
2002. D'autres liront dans l'histoire d'une femme qui fait
l'expérience du don et de la compassion jusqu'à la folie
mystique un pendant littéraire à Europe 51 de Rossellini...
Austère et âpre, A l'abri de rien est un roman qui descend à
pic vers les eaux les plus sombres et ne se laisse pas
oublier. Sans conteste, la plus grande réussite d'un
écrivain dont on sent qu'il n'a pas l'air de tricher.
Alexandre Fillon - Lire, septembre 2007
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