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編號:111003572
書名:ZONE
作者:ENARD MATHIAS
出版社:ACTES SUD
ISBN:2742777059
條碼:9782742777051
出版年:20080815
商品形式:Broch
尺寸:146 - 241 - 36 mm
重量:670
頁數:516 pages
台幣定價:1,400
Precommande 開放預購中 會員價:1,400 元 數量: 加入購物車

Par une nuit decisive un voyageur lourd de secrets prend le train pour Rome, revisite son passe et convoque l’Histoire, dans un immense travelling qui mele bourreaux et victimes, heros et criminels des guerres de la Mediterranee : une Iliade de notre temps.
Trajet, reminiscences, aiguillages, allers-retours dans les arcanes de la colere des Dieux. Zeus, Athena aux yeux pers et Ares le furieux guident la memoire du passager de la nuit, fils d’un Francais qui a fait la guerre d’Algerie et d’une pianiste d’origine croate. Adolescent doublement impregne de patriotisme, puis d’extreme-droitisme, il a prolonge son service militaire en sections speciales et autres commandos, puis s’est fiance avec la tres blanche Marianne. Mais la guerre d’independance de Croatie, puis la Bosnie ont fait bouillir le sang qui coulait dans ses veines. Comme d’autres volontaires – Andrija surtout, dont il porte encore le deuil, et Vlaho le debonnaire qui finira mutile – il est alle accomplir sa part de carnage, de viols, de cruautes (certaines scenes hantent encore ses insomnies). Sature de violence, il s’est fait oublier quelque temps dans la mortifere Venise (ou Marianne l’a rejoint et bientot largue d’un feroce coup de pied dans les genitoires). Puis il est rentre en France ou il s’est montre peu bavard – avec son pere, pourtant, il aurait pu confronter quelques souvenirs d’interrogatoires particuliers – s’est presente et a echoue aux concours du Quai d’Orsay, est entre dans un Service du Renseignement ou il a connu Stephanie (deuxieme amour, deuxieme echec), puis s’est vu attribuer une “ Zone”… Mais ce soir (quinze ans apres ses premiers faits d’armes) c’est sous une identite d’emprunt que Francis Servain Mirkovic s’installe dans le train Milan-Rome pour ce qui devrait etre le dernier voyage de sa carriere professionnelle. Au-dessus de lui, une mallette que par precaution il a menottee a une des barres du filet a bagages. Demain a Rome (ou Carol Vojtila n’en finit plus de gesir sur son lit d’agonie) un representant du Vatican lui donnera trois cents mille euros – l’allusion aux trente deniers de Judas le fait sourire – en echange du tresor patiemment rassemble dans les marges de son activite d’agent du Renseignement francais dans sa Zone (d’abord l’Algerie puis, progressivement, l’ensemble du Proche-Orient). Le contenu de la mallette : des annees de missions et d’investigations. Un compendium d’archives, de fiches, de disques informatiques, d’images et de documents concernant des centaines d’individus – commanditaires ou intermediaires, cerveaux ou executants, agitateurs et terroristes de toutes obediences, marchands d’armes et trafiquants, criminels de guerre en fuite. Les hommes de l’ombre et de l’action – sans guerres, l’Histoire serait petrifiee, le monde serait mort d’ennui ! — qu’il a cotoyes, d’Alexandrie a Tel Aviv, du Caire a Jerusalem, d’Alger a Gaza ou Beyrouth. Une derniere transaction et il pourra changer de vie, peut-etre emmenager avec Sashka, une jeune Russe, peintre d’icones… Mais la nuit risque d’etre longue. Le train demarre, Francis Servain Mirkovic allias Yvan Deroy est assis dans le sens contraire de la marche, adosse a son avenir – enfin ! – et les yeux tournes vers le passe qui defile… S’il fallait d’une image representer la violence de tout un siecle, ne faudrait-il pas en effet choisir un train — un transport d’armes, de troupes, de prisonniers ou de deportes qu’on achemine vers les camps ? Mais dans ce roman d’une ambition hors normes (a bien des egards digne d’un Tsirkas, d’un Jergovi? ou d’un Vollmann) la phrase elle aussi inscrit sa trace opiniatre, iterative, recurrente dans l’immensite de l’espace-temps mediterraneen dont toutes les batailles, dont tous les hauts lieux, dont toutes les figures belliqueuses sont convoquees et invoquees. Phrase-palimpseste dont les meandres explorent peu a peu le charnier geopolitique qui horizontalement s’etend de Zagreb a Beyrouth, d’Istanbul ou Trieste a Barcelone. Meticuleuse entreprise qui verticalement fouille les strates successives des civilisations de la mare nostrum, retournant a Rome (bien sur) comme a un recommencement de l’Histoire, et a Homere (bien sur) comme au plus eternel des aedes fondateurs. Roman ferroviaire, circulatoire et archeologique qui ne cesse d’exhumer des tesselles, fragments d’une stupefiante mosaique ou les heros litteraires (Genet a Chatila, Pound a Venise, Burroughs a Tanger) et guerriers (Hannibal en Italie, Cervantes a Lepante, Napoleon a Lodi) comme les cohortes de victimes (prisonniers des geoles syriennes, Armeniens genocides dans le desert de Der el Zor, milliers de juifs de Salonique achemines vers Auschwitz) et de bourreaux (l’espagnol Millan Astray, le croate Ante Pavelic, Franz Stangl le commandant de Treblinka et tant d’autres encore) prennent place ensemble dans la derive d’un homme au carrefour de sa vie, de ses hontes et de ses defaites amoureuses — car c’est aussi par la trop enviable beaute d’une femme qu’est advenue la guerre de Troie…. Si documente qu’il soit (parce que nourri d’Histoire mais aussi de temoignages de combattants), Zone n’en revendique pas moins la liberte de re-creation – temoin le faux-vrai livre que feuillette Francis Servain Mirkovic dans cette nuit au terme de laquelle il voudrait se delester de ses armes et bagages. L’histoire litteraire, elle non plus, n’a jamais pu demeler ce qui, dans l’Iliade, est faux de ce qui est vrai, car la forme en est si tenue qu’elle semble defier toute hypothese d’improvisation. Par “coincidence”, Zone comporte autant de chapitres – vingt-quatre – que l’Iliade a de “chants”, et chacun d’entre eux refracte une peripetie du recit homerique. Le lecteur a-t-il seulement conscience du tour qui lui est joue ? Il y a entre Milan et Rome (et d’un chapitre a l’autre, entre les villes qui scandent ce voyage) le meme nombre de kilometres que de pages de litterature. Qui osera desormais pretendre que le roman francais a le souffle court ?

Ne en 1972, Mathias Enard a etudie le persan et l’arabe et fait de longs sejours au Moyen-Orient. Il vit a Barcelone. Il a publie deux romans chez Actes Sud : La Perfection du tir (2003) qui parait en Babel, et Remonter l’Orenoque (2005). Ainsi que, chez Verticales, Breviaire des artificiers (2007).