Erratique et capricieux, le motif du nuage n'apparaît que de façon épisodique à l'horizon du poème baudelairien. Lorsqu'il s'offre au regard, il préfigure moins les « orages désirés », chers à la sensibilité romantique, qu'il ne suggère une relation inédite du poète au monde extérieur, et en particulier aux phénomènes météorologiques, par essence changeants et imprévisibles. Il souligne par là le double état du ciel et de la conscience individuelle, variable, indécis, flottant : une espèce d'effet-miroir, mais toujours redéfini, selon les circonstances – l'heure, le lieu et l'humeur. Ce qui fait du nuage une forme en pur devenir, rebelle à toute signification préfixée comme à toute réduction symbolique univoque. De 1838 à 1862, Baudelaire a cherché à cerner, à partir de certains accidents atmosphériques, un faisceau de valeurs qui se déclinent selon trois plans : esthétique, éthique et psychologique. Des ombres silencieuses glissant à la surface des eaux aux « merveilleux nuages qui passent là-bas » du poème en prose L'Etranger, sans omettre les pages essentielles sur Eugène Boudin dans le Salon de 1859, c'est toute une palette de situations ou d'expériences qui se déploient, invitant le lecteur à discerner, derrière les volutes de vapeur lumineuse, comme une poétique de l'imagination en actes, saisie entre chimère et vérité, fantaisie et réalité, « concentration » et « vaporisation ». Henri Scepi est professeur de littérature française à la Sorbonne nouvelle. Spécialiste de la poésie du 19e siècle, il a publié plusieurs essais sur Laforgue, Mallarmé, Nerval, Lautréamont, Rimbaud, Verlaine… Il s'intéresse aussi au roman du 19e siècle, auquel il a consacré de nombreuses études et éditions critiques (Flaubert, Zola, Verne…) En 2017, il a coédité les œuvres croisées de Rimbaud et Verlaine sous le titre Un concert d'enfers. Vie et poésie (Gallimard, coll. Quarto). En 2018, il a publié Les Misérables dans la Bibliothèque de la Pléiade. Récemment, il a fait paraître Charles Baudelaire. La Passion des images (Gallimard, Quarto, 2021) et une édition préfacée et annotée de De l'essence du rire (Folio, 2021).
LE RIRE DE PROUST.3,640/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2402001887727
ECRIRE LE MARIAGE AU XIXE SIECLECet ouvrage vise à présenter un panorama renouvelé des connaissances sur les représentations du mariage en France, de la Révolution à la veille de la Grande Guerre et à ouvrir des perspectives d'étude. A la croisée de l'histoire, du droit, de l'anthropologie, de la littérature et des arts, le mariage apparaît comme la synthèse de nombreux enjeux. L'essor des études culturelles et la réflexion actuelle qui se fait jour dans les débats suscités par le "mariage pour tous" nous ont d'autant plus incité à envisager cet objet avec un regard critique nouveau. Le fil directeur qui relie chacune des contributions porte sur la question des normes (morales, politiques, religieuses, esthétiques) et, surtout, de leur contestation.830/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2401001884202
DICTIONNAIRE PROUST-RUSKINCe dictionnaire référence les convergences entre Ruskin et Proust : sont ainsi examinés, entre autres, les villes, les peintres, les monuments que celui-ci a connus grâce à celui-là ; les thèmes par lesquels s'exprime leur affinité ; les auteurs qui ont analysé cette influence essentielle.