A la fin de 47, la situation politique et familiale de Cicéron est au plus bas. L'année 47 voit le retour triomphal de César après sa victoire sur Pompée à Pharsale: le parti de Cicéron a perdu et la République agonise. La vie privée du grand orateur n'est guère plus réjouissante: la santé de sa précieuse Tullia, sa fille, ne cesse de se détériorer. C’est dans cette période de crise que Cicéron choisit de composer les Paradoxes des Stoïciens, œuvre « de distraction » comme il la qualifie lui-même&: la logique et la rhétorique comme remède aux maux de ce monde, tels sont Les Paradoxes. Plus profondément, il s’agit pour Cicéron d’opérer, en douceur, un changement de rôle: comment un orateur pouvait-il faire passer ses idées et influencer les esprits? La philosophie semble le meilleur moyen. Puisque la République est morte, ce n’est plus par la politique que l’on peut inculquer les valeurs républicaines, mais par la pensée. Ainsi les Paradoxes sont une œuvre charnière de la pensée cicéronienne: le Cicéron orateur cède la place au Cicéron philosophe.
Notre édition rassemble en un volume les six paradoxes: « Le beau moral est le seul bien », « La vertu suffit au bonheur », « Toutes les fautes sont égales », « Qui n’est point sage délire », « Le sage seul est libre » et « Le sage seul est riche » sont longuement analysés dans l’introduction qui s’attache notamment à replacer le texte non seulement dans les débats philosophiques de l’époque, mais aussi dans le développement de la pensée cicéronienne. Les influences philosophiques, grecques particulièrement, sont brièvement présentées tandis que la tradition manuscrite est relatée en détail. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, en fin de volume, par des notes complémentaires. L’ouvrage est en outre enrichi par un Index nominum et des Observations sur les clausules.
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NOUS SOMMES LES AUTRES ANIMAUXLe rapport à l’animal s’est beaucoup transformé depuis vingt ans dans les sociétés occidentales. Les violences faites aux animaux sont insupportables et l’extinction de millions d’espèces est perçue comme une catastrophe. Nous avons changé de paradigme. Nous sommes passés de l’animal-machine des cartésiens avec lequel tout est permis à l’animal-peluche des végans qu’il faut caresser et protéger. C’est un progrès, mais penser l’animal comme il est et non comme nous le fantasmons constitue toujours un défi philosophique. S’atteler à cette tâche est urgent : nous comprenons aujourd’hui que l’humain s’est constitué dans la texture de l’animalité et que l’émergence d’animaux-robots annonce des bouleversements majeurs.
Dominique Lestel est un philosophe qui développe une éthologie philosophique originale. En 2017, il a été lauréat de la Japan Society for the Promotion of Science, et en 2018-2019, il a été un Berggruen Fellow au Center for Advanced Studies in the Behavioral Sciences, à Stanford University, où il a écrit ce livre.880/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404291910002