Si l'on excepte Pierre Louÿs, dont les écrits érotiques ont été régulièrement publiés «sous le manteau», on ne connaît pas, dans ce domaine, d'inédits importants ayant vu le jour au fil de ces dernières années.

Marcel Schwob a composé ce texte court en secret, dans un cahier d'écolier - reproduit ici en fac-similé - entre 1893 et 1903. Inspiré par les Dialogues des courtisanes, de Lucien, et par les Mimes d'Hérondas, Maua met en scène deux femmes amoureuses, qui expriment leurs désirs et leurs fantasmes avec une grande liberté.

L'écriture, dense et incisive, mélange des images très crues avec des éléments poétiques, qui font appel à l'exotisme, grec, oriental ou océanien, puisque l'héroïne du récit est sublimée dans le personnage d'une jeune samoane, Maua. Schwob, qui a rêvé sa vie bien plus qu'il ne l'a vécue, donne corps à des fantômes de chair avec le savoir-écrire d'un amoureux du langage.